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Retour à listeNotre analyse sur les Primeurs 2021
1%, U'WineU’Wine rend son analyse sur le millésime 2021, après avoir dégusté plus de 400 vins lors de la Semaine des Primeurs. Le Comité de Sélection composé d’Aymeric de Clouet, expert en vin pour la Cour d’Appel de Paris et de Quentin Chaperon, Directeur de la Relation Châteaux, livre son regard sur ce millésime, qui a encore marqué les esprits.
Ce millésime aura eu le mérite de rappeler aux jeunes générations que Bordeaux est bercé par un climat océanique et tempéré où rien n’est acquis. C’est un vrai millésime de vigneron où il aura fallu une vigilance sans faille pour exprimer le meilleur de son terroir. Les vins avec des équilibres du passé et un fruit croquant, tout ce qu’il y a de plus moderne, nous montrent un style néo-rétro passionnant.
Le millésime 2021 fait la part belle à certains domaines et appellations et va imposer de faire des choix judicieux et une sélection soignée par ceux qui l’auront découvert en dégustation. Plus que jamais, l’œil et le palais des experts U’Wine vont jouer un rôle dans la constitution de cave et dans l’appréciation du potentiel de chacun des vins.
Les Coups de Coeur U’Wine
Saint-Estèphe
Château Meyney : Un des meilleurs Saint-Estèphe à n’en pas douter. Un très bel équilibre.
Château Montrose : Un vin dense, de belle robe, au nez d’une grande précision, fortement aromatique. La bouche est droite et élégante grâce à sa fine texture tannique. Une belle réussite.
Pauillac
Château Pontet Canet : Très joli nez racé et puissant, raffiné. La chair est dense, tout en étant remarquablement charpentée. Certainement l’une des réussites de ce millésime.
Château Haut-Bages Libéral : Un Pauillac de cette qualité à ce prix là c’est difficile à battre. Très bon vin au fruit très pur.
Saint-Julien
Château Langoa Barton : Très réussi avec son nez subtil et délicat, tout en arômes fruités. Il est doté d’une bouche pleine de raffinement, tout en étant remarquablement charpentée.
Château Gruaud Larose : Une robe profonde, un nez assez explosif, avec des touches délicatement fumées. La bouche apparaît pleine de raffinement, les tanins sont fondus.
Margaux
Château Durfort-Vivens : 95% de Cabernet Sauvignon pour une densité folle. Le meilleur Durfort-Vivens jamais produit.
Château Brane Cantenac : Sûrement le meilleur Margaux cette année. Il concentre la production de grand vin sur le plateau et ça vaut le coup. Bravo !
Moulis
Château Branas Grand Poujeaux : Dans la lignée des 4 derniers millésimes, cet outsider produit encore un grand vin. Dense, profond avec une belle tension.
Graves
Domaine de Chevalier (blanc) : Un grand blanc dans un grand millésime pour les blancs. Peut-être le meilleur blanc de Bordeaux cette année.
Château Olivier (rouge) : Un Pessac-Léognan de ce niveau de qualité, à ce prix là, ils n’y en aura pas pour tout le monde. Quel vin !
Saint-Emilion
Château Beauséjour-Bécot : Un vin dense, de belle robe, au nez encore un peu fermé, agrémenté de notes de fruits noirs. La bouche se révèle tout en rondeur, au grain très fin.
Château Figeac : Une robe profonde, un nez racé et puissant, tout en nuance. La bouche est ronde, tout en étant remarquablement charpentée. Un exemple pour son appellation.
Pomerol
Château Rouget : Nez racé et puissant, qui exprime des notes élégantes. On est enchanté par sa bouche racée, la texture est soyeuse. Un modèle d’équilibre.
Château Petit-Village : Le vin exprime avec éclat de très grandes promesses : un nez racé et puissant, qui ne manque pas d’élégance. La bouche est gourmande, aux tanins abrupts mais avec une grande longueur fruitée.
Sauternes
Château Lafaurie-Peyraguey : Ce vin, à la belle robe profonde, présente un nez avec de belles expressions, aux notes florales douces. Il est doté d’une bouche toute en rondeur, développant un beau volume. Certainement l’une des réussites de ce millésime.
Des vins équilibrés mais hétérogènes
Ce millésime, eu égard aux conditions climatiques extrêmes, présente des vins assez hétérogènes.
En effet, toutes les conditions climatiques n’ont pas été les mêmes dans les différentes régions du vignoble bordelais. Le point commun de tous les vins de Bordeaux cette année, est l’équilibre. Un équilibre, qu’on avait perdu avec l’enchainement des millésimes chauds des dernières années. Les degrés d’alcool sont plus bas et les vins très digestes. Les assemblages donnent raison aux cabernets.
Dans beaucoup de propriétés du Médoc, il y a des pourcentages record de cabernet sauvignon, et en rive droite ceux qui ont du cabernet franc proposent de jolis vins.
Les vins sont éclatants, sur le fruit avec des indices de tannins très haut mais qui ne se sentent pas du tout à la dégustation.
Il faudra être capable cette année d’éviter les quelques pièges, mais on trouve de grandes réussites rive droite, à Pessac-Léognan ou dans le Médoc.
Des conditions climatiques éprouvantes
L’hiver a été pluvieux mais assez doux ce qui a amené un débourrement précoce. La vigne est donc en avance mais cette avance se perdra avec un printemps froid. Le mois d’avril a été marqué par le gel en début de mois, dévastateur dans beaucoup de vignobles.
Malgré tous les moyens de protections, de nombreuses parcelles ont gelés entre le 6 et 8 avril. La floraison s’est passée dans des conditions chaudes et sèches mais le mois de juin particulièrement pluvieux a engendré de la coulure et une forte pression pour le mildiou et autres maladies de la vigne.
Bref, tout au long de l’année, les viticulteurs ont été mis à rude épreuve, mais encore une fois leur passion et leur engagement leur ont permis de prélever des raisins dans le meilleur état possible.
Des vendanges impactées par la pluie
La pluie autour du 20 septembre aura été un juge de paix de ce millésime. Les vignerons ayant un vignoble sain ont pu attendre après ces pluies.
En effet, l’été indien s’est installé sur le vignoble bordelais les 15 premiers jours d’octobre. Les cépages les plus tardifs comme le cabernet sauvignon, ou le petit verdot ont bénéficié de ce lapse de temps pour parfaire leur maturité et être ramassés au meilleur moment dans des conditions quasi parfaites.
A sauternes, le Botrytis était bien installé, et les vendanges se sont très bien déroulées pour les quelques parcelles qui ont survécu aux aléas climatiques.
Une seule chose est sûre, si vous voulez du 2021, il faut acheter du Bordeaux, il y en a tellement peu dans les autres régions…